Fête de la Pentecôte
Dans la dynamique de l’Alliance
Dans quelle dynamique, dans quelle perspective s’inscrit la Pentecôte ? Pour cela revenons – comme il faut souvent le faire – à l’histoire du peuple Hébreu.La Pentecôte, pour les Hébreux, s’inscrit dans la suite de la Pâque. Pour se préparer à la Pentecôte, il faut donc commencer par revenir sur la Pâque. Relisons l’Exode (6, 5-8) :
Dieu parla à Moïse. Il lui dit : « Je suis le Seigneur (…) j’ai entendu la plainte des fils d’Israël réduits en esclavage par les Égyptiens, et je me suis souvenu de mon alliance (…). Je vous délivrerai de la servitude. (…) Je vous prendrai pour peuple, et moi, je serai votre Dieu. (…) Puis, je vous ferai entrer dans la terre que (…), je me suis engagé à donner à Abraham, à Isaac et à Jacob. (…). Je suis le Seigneur”. »
L’Alliance, c’est le mode de relation que Dieu veut avoir avec les hommes. Elle commence par une délivrance de la servitude et une promesse fondamentale, déjà faite à Abraham, renouvelée à Moïse, reprise ensuite par tous les prophètes : « Vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu ». Le don de la terre vient ensuite, comme une conséquence : c’est le lieu où pouvoir vivre la réalisation de la promesse.
Le Seigneur délivre donc les Hébreux d’Egypte, sous la conduite de Moïse et avec toutes les péripéties que l’on sait : c’est ce que commémore la fête de la Pâque. Mais les Hébreux sont à ce moment encore bien loin d’être un peuple, et encore moins le peuple de Dieu : c’est une foule, une horde de fugitifs, que Moïse a d’ailleurs bien du mal à conduire. Pour que cette foule devienne un peuple, il lui faut une organisation, une loi : c’est le don de la Loi qui va permettre de constituer le peuple de Dieu. Pour que les Hébreux acceptent cette Loi et se laissent façonner par elle il va falloir quarante ans d’errance et d’épreuve dans le désert (dans la Bible, le chiffre quarante est symbolique : c’est le temps nécessaire à un changement, à une conversion). Et on sait que pendant ces quarante années Dieu pourvoit aux besoins de son peuple : manne, cailles, rocher qui donne l’eau.
La fête de la Pentecôte est pour les Hébreux commémoration du don de la Loi, Loi dont nous venons de voir qu’elle est constitutive du peuple de Dieu.
Nous pouvons alors revenir sur ce que nous vivons nous-même dans la Nouvelle Alliance instituée par Jésus : délivrance du péché et promesse de Vie Eternelle que nous célébrons à Pâques, don de l’Esprit à la Pentecôte, et temps d’épreuve pendant lequel le Seigneur nous nourrit de son Corps et de son Sang. Nous suivons très exactement le même chemin que les Hébreux dans le désert, mais avec une tout autre perspective maintenant ; ce n’est plus Moïse qui nous conduit vers la Terre Promise, mais le Seigneur lui-même qui nous conduit vers le Royaume.
Ce cheminement que nous vivons en peuple – en Eglise – nous le vivons en même temps au plan personnel, portés par les sacrements : baptême, confirmation, eucharistie : ils correspondent aux mêmes étapes.
Après avoir fait ces parallèles, et pour nous préparer à la fête de la Pentecôte, revenons d’un mot sur le don de l’Esprit. Nous avons vu qu’il est l’équivalent du don de la Loi ; mais en fait l’Esprit est notre nouvelle Loi, une Loi qui libère, la Loi d’amour enseignée et transmise par Jésus, celle qui vient du Père. C’est la loi qui fait l’unité, la cohésion d’un peuple. C’est l’Esprit qui fait la communion de l’Eglise : grâce à lui elle devient peuple de Dieu, corps du Christ et – bien sûr – temple de l’Esprit.
La prophétie de Jérémie est accomplie :
31 31 « Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle (…) : 33 Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. »