Fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

La Fête-Dieu, fête du St Sacrement, c’est aussi la fête du Sacrement de la Présence réelle du Christ dans son Eucharistie. Non pas une présence imaginaire, symbolique, seulement évocatrice ! Le Christ est réellement présent dans ce pain et ce vin consacrés, sanctifiés par l’Esprit-Saint et les paroles de Jésus reprises par le prêtre agissant « in persona Christi » c’est-à-dire tenant visiblement la place du Christ. Le pain et le vin sont le Christ lui-même dans son Mystère pascal, le Christ mort, ressuscité, élevé auprès du Père et devant venir dans la gloire.

Certes, le Christ est présent dans la Parole proclamée, dans le prêtre qui préside et consacre, dans l’assemblée réunie en son Nom. Mais « il est présent au plus haut point sous les espèces eucharistiques » dit le concile Vatican II.

Cette Présence est réelle parce que c’est le Christ lui-même qui la réalise en disant : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang ». Il fait ce qu’il dit, et il nous demande, il demande à ses disciples de poursuivre son œuvre : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Non pas en souvenir de moi, mais en mémorial, c’est-à-dire en actualisant, en rendant présent aujourd’hui, ce qu’il a fait une fois pour toute. C’est le même et l’unique sacrifice du Christ qui se renouvelle pour nous. Le mémorial nous rend contemporain de ce don du Christ pour la multitude et pour chacun de nous.

Mais cette présence du Christ ne dépend pas de la foi des participants. Le Christ n’est pas présent parce que l’assemblée et ceux qui la composent croient qu’il est présent. Ce n’est pas notre foi qui le rend présent ! Il faut certes la foi pour le reconnaître, pour discerner son Corps et son Sang. Mais c’est le Christ lui-même qui se rend présent.

Cette Présence réelle n’est pas physique comme était le Christ dans sa vie terrestre en Palestine. C’est une présence spirituelle, c’est-à-dire par l’Esprit-saint, présence de Ressuscité plus réelle que toutes les présences physiques.Elle est présence sacramentelle, c’est-à-dire à la fois cachée sous les apparences du pain et du vin, mais plus vraie que toutes les présences qui nous paraissent évidentes. Elle est aussi présence vivante, porteuse de la vie-même du Christ, de la vie éternelle, de la Résurrection. Le pain et le vin sont mis totalement au service du Christ pour porter jusqu’à nous l’amour de Dieu, le salut, la vie éternelle déjà commencée.

Cette Présence réelle du Christ, spirituelle, sacramentelle, est aussi une présence permanente. Elle dure tant que dure la réalité du pain et du vin consacrés (transsubstanciés) par l’Esprit-Saint. Bien sûr le Christ est présent pour être reçu au cours de la messe. Il demeure présent pour être reçu en dehors de la célébration comme c’est le cas pour la communion aux personnes malades ou le Viatique porté aux personnes en fin de vie. Oui le Christ est présent. Son Don est sans reprise. Il demeure au-delà du temps de la célébration.

Dès lors nous le comprenons : la Présence réelle du Christ appelle notre propre présence croyante. C’est tout le sens de l’adoration. C’est ce qu’écrivait le pape émérite Benoît XVI : « dans l’Eucharistie le Fils de Dieu vient à notre rencontre…et la célébration eucharistique est en elle-même le plus grand acte d’adoration de l’Eglise. Recevoir l’Eucharistie signifie se mettre en attitude d’adoration envers Celui que nous recevons. L’acte d’adoration en dehors de la messe prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la célébration eucharistique ».

Oui, Frères et Sœurs, parce que l’Eucharistie est l’actualisation de la Présence réelle du Christ, la célébration requiert respect et beauté dans les attitudes, les gestes, les vêtements et les objets liturgiques, la musique et les chants, dans la manière de proclamer la Parole, de communier…

Que toute notre attitude – gestes, paroles et silences – traduise notre foi en la présence aimante qui appelle notre propre présence.

Amen

 

Le dimanche 14 juin 2020