Eric nous témoigne :
Depuis mon retour de Compostelle, j’ai attrapé un nouveau « virus », celui du pèlerinage à pied. Et je caressais l’idée de partir seul vers Assise, sur le chemin de Saint François.
Alors, je me suis mis en chemin le 19 septembre dernier pour une première partie, au départ de ma maison à Auray, jusqu’à Vézelay, d’où j’espère repartir au printemps pour Assise.
J’ai traversé ainsi une partie de la France par le chemin de Compostelle, la voie de Saint Matthieu, jusqu’à Nantes, puis par la Via Ligeria jusqu’à la basilique Sainte Marie Madeleine de Vézelay.
Pourquoi un pèlerinage vers Assise ?
Un pèlerinage c’est un peu comme une retraite. Je me retire de mon monde habituel, de mes habitudes, des contraintes de la vie courante, pour mettre le chemin sous mes pas.
Et vers Assise, c’est comme un besoin, parce que Saint François représente l’humilité, le détachement, la sobriété heureuse, l’intériorité.
Qu’ai-je trouvé sur mon chemin ?
Contrairement au Chemin de Compostelle, celui-ci est très peu fréquenté : il y a eu 150 pèlerins l’année dernière sur la Via Ligeria. C’est d’abord un chemin de solitude.
C’est un chemin vers Soi, où le rythme « mécanique » de la marche permet une introspection, une relecture de vie ; ce que j’appelle mes « petites bulles », où soudain, un moment de vie me revient à l’esprit.
C’est un chemin de prière, de louange, un chemin vers Dieu. C’est un chemin d’émerveillement, de contemplation devant cette nature si belle… même sous la pluie !
C’est un chemin vers les autres. Avec mon sac sur le dos, et mes bâtons, je ne suis personne, sinon un homme qui marche. Et cela interroge les passants et la rencontre devient possible, comme cette femme qui m’interpelle, de bon matin, sur le pont de Saumur pour savoir où je vais, et la conversation s’engage.
Les fruits du chemin
L’humilité : je suis dépendant des autres, de la météo, de ce que je vais trouvé à l’accueil pèlerin ou au gîte du soir. J’accueille et je remercie.
La prière : j’ai tout le temps durant 6 à 8 heures de marche par jour, pour prier de toutes les façons : écoute de la prière du matin, chapelet ou rosaire, recueillement devant un calvaire ou dans une chapelle ouverte ; et tous ces moments d’émerveillements qui sont aussi prière de louange au créateur.
Le dépouillement : en pèlerinage, on voyage « léger », chaque gramme compte. Ainsi, je n’ai sur moi que le strict nécessaire. Où vais-je trouver à manger aujourd’hui ? Y aura-t-il un endroit au sec pour déjeuner mon casse-croûte ce midi ? Vais-je trouver où dormir à l’étape que je prévois demain ? Je m’abandonne à la providence et elle pourvoit !
Les rencontres : Comme je ne suis personne sur le chemin, les rencontres sont propices aux confidences. Fabrice est en convalescence et me parle de sa maladie. Il part pour 8 jours vers Compostelle pour mesurer déjà s’il est capable de le faire. Véronique qui m’accueille chez elle pour une soirée et me confie ses soucis pour son fils. Maël, diacre orthodoxe et son épouse Adeline, avec qui je prie dimanche matin dans leur chapelle. Jean Marc qui marche depuis Lesneven vers Compostelle et avec qui je partage la soirée joyeuse chez Eric et Françoise qui nous accueillent.
Mon témoignage de chrétien : La question m’est souvent posée – où vais-je et pourquoi ? Et c’est l’occasion de témoigner de ma foi, parfois de mon chemin de conversion, de mon histoire, où comment Jésus est venu me chercher dans ma misère, et comment Il m’a relevé ! Comme cette rencontre avec un lama tibétain qui me parle de sa spiritualité, et qui m’interroge.
Les grâces du chemin
Comment reconnaître l’action de Dieu dans nos vies, si ce n’est par la Foi en Lui ? Alors, je crois que certains événements, certaines coïncidences, sont les réponses à mes prières. Comme par exemple :
Ma belle-fille vient de trouver un travail et mon fils Pierre part une semaine aux Etats Unis pour un entretien d’embauche.
Gérard m’appelle pour me dire que sa tumeur a disparu.
Les accueils pèlerins avec toutes ces petites et grandes attentions (bouquet de fleurs sur le chevet, prêt de chaussons, lavage du linge, repas du soir et petit déjeuner de fête, fruits et yaourt à emporter pour la journée…) comme si j’étais la personne la plus importante !
Ce texte extrait du livre Les Frères Karamazov de Dostoïevski :
Ne crains rien et n’aie jamais peur, ne te chagrine pas. Pourvu que le repentir dure, Dieu pardonne tout. Il n’y a pas de péché sur la terre que Dieu ne pardonne à celui qui se repent sincèrement. L’homme ne peut pas commettre de péché capable d’épuiser l’amour infini de Dieu. Car peut-il y avoir un péché qui dépasse l’amour de Dieu ? Ne songe qu’au repentir et un bannis toute crainte. Crois que Dieu t’aime comme tu ne peux te le figurer, bien qu’il t’aime dans ton péché et avec ton péché. Il y aura plus de joie dans les cieux pour un pécheur qui se repent que pour dix justes. Ne t’afflige pas au sujet des autres et ne t’irrite pas des injures. I…] Si tu te repens, c’est que tu aimes. Or, si tu aimes, tu es déjà à Dieu… L’amour rachète tout, sauve tout. Si moi, un pécheur comme toi, je me suis attendri, à plus forte raison le Seigneur aura pitié de toi. L’amour est un trésor si inestimable qu’en échange, tu peux acquérir le monde entier et racheter non seulement tes péchés, mais ceux des autres. Va et ne crains rien.
En conclusion
J’espère que mon témoignage suscitera votre désir d’entreprendre un chemin de pèlerinage, ou, si vous ne pouvez le faire, vous incitera à ouvrir votre porte aux pèlerins de passage, en les accueillant pour un soir d’échanges et de partage.
Et que le Seigneur vous bénisse.
Pour aller plus loin :
https://www.compostelle-bretagne.fr/
https://haltespelerines44.fr/rome
https://chemindassise.org/fr/accueil/
toutes les photos ont été prises par Eric durant sa marche :