MEDITATION en ce 4è Dimanche de PAQUES,
dit du « BON PASTEUR »
Dimanche après dimanche, se dessine un chemin qui conduit de l’expérience vive de
la rencontre du Ressuscité à l’intériorisation de cette expérience en vie chrétienne quotidienne,
disponible pour chacun de nous. Aujourd’hui, sous l’image du Bon Pasteur, nous nous ouvrons
à la vocation singulière de chacun, seul moyen véritable de la construction du Temple de Dieu
au sein de l’humanité. Heureux sommes-nous, que chaque année, il nous soit donné de
revisiter ce chemin pour percevoir ce à quoi le Seigneur nous appelle véritablement, là où nous
sommes, et pour comprendre comment nous pouvons y répondre .
Dans ce passage de Saint Jean, le Christ nous dit comment se disposer intérieurement
à la nouveauté qui vient à nous. La Parole qu’il nous adresse se distingue des autres parce
qu’elle ne nous violente pas. Elle donne d’aller et venir à notre gré, elle permet à la vie de
bouillonner en nous. Il suffit de la recevoir et de la laisser s’unir à notre coeur, qu’elle se révèle
capable d’épouser étroitement. Plusieurs images sont là, pour nous aider à entrer dans la
disposition intérieure préalable à cet échange, à cette union : le « Pasteur, la Porte »… Ces
images posent les bases concrètes d’un discernement, pour suivre le Bon Pasteur et rejeter ce
qui n’est pas Lui, dans l’invention de sa vie, dans sa vocation.
« Celui qui entre par la porte, c’est lui le Pasteur ». Cette rencontre se révèle
authentique parce qu’il n’y a aucune effraction. Effet surprenant, le Seigneur me parle
simplement, naturellement, il ne force rien en moi. Sa Parole est patiente, légitime, simple,
douce… toute autre parole sera de fait rejeter parce que ne respectant pas ma nature, me
sortant de moi-même, me perdant.
Jésus nous fait sortir
Nous ne sommes pas appelés à être des brebis enfermées dans la bergerie, des
brebis qui vérifient que toutes les portes soient bien fermées pour garantir sécurité et
tranquillité. Nous écoutons Jésus, le Bon Pasteur ; il nous appelle par notre nom, et il nous fait
sortir. Nous n’avons pas à craindre car il est avec nous et il sort avec nous, il marche à notre
tête et nous le suivons sur les chemins d’une vie donnée par amour.
Dans la diversité des vocations, certains sont appelés à suivre les traces du berger
dans une « consécration spéciale » qui fait d’eux des prêtres, des diacres, et qui demande que
chaque jour ils redisent avec confiance « me voici, Seigneur, envoie-moi ». Ceux-là, dit le Pape
François, « avec un enthousiasme missionnaire renouvelé, sont appelés à sortir des enceintes
sacrées du temple, pour permettre à la tendresse de Dieu de déborder en faveur des hommes
». Malgré les fragilités du vase qu’est leur personne, ils sont porteurs d’un trésor qui est en vue
d’une vie nouvelle et ce trésor les envoie pour « le faire connaître à tous avec joie ».
Chacun de nous aujourd’hui et particulièrement depuis 7 semaines , nous voyons notre
monde dans toute sa réalité, douloureusement touché par ce Coronavirus, avec toutes les
contraintes journalières: le confinement, les souffrances physiques et morales engendrées, les
deuils sans assemblée constituée, mais aussi tous ces élans de solidarité. Dieu s’offre à nous,
dans une présence qui vient guérir les maux de l’humanité. Chacun a un rôle à remplir quelque
soit son âge..
Vous les parents, votre mission importante d’éduquer vos enfants à la foi, à l’amour
filial et fraternel, à la vérité, aux sens des autres.. Montrez leur que la Fête de Pâques les invite
à vivre une amitié avec le Christ resssuscité. Vous les enfants , les jeunes, ouvrez votre coeur à
ce Bon Pasteur. N’ayez pas peur si vos amis vous provoquent parfois, soyez vous-mêmes,
sans orgueil , ni mépris, écoutez-le vous lancer peut-être un Appel….Vous qui êtes engagés
dans la vie Religieuse ou consacrée, sociale, sanitaire, éducative, politique, professionnelle,
vous êtes au milieu de nous, les yeux, les oreilles, les mains, le coeur de ce Bon Pasteur
Vivant. Ouvrez votre porte, discernez, soutenez ce qui va dans le sens de la vie, de la paix et
de la fraternité. Vous qui êtes marqués par le chômage, la précarité, vous nous appelez à
placer l’humain par dessus tout. Chers amis, malades, qui vivez un handicap, personnes âgées,
votre présence parmi nous est indispensable, dans vos fragilités que de vie.! Assurément, nous
pouvons à certain moment manquer de courage ou d’audace devant l’ampleur de l’annonce de
l’Evangile. Ne baissons pas les bras..!
C’est me semble-t-il, l’appel que nous adresse ce Bon Pasteur en ce dimanche.
Appuyons-nous sur cette espérance que le Seigneur travaille avec nous. « Christ est vraiment
ressuscité, Alleluia.. ».C’est là le coeur de notre Foi.
Père Francis LOISEL
La conversion
14 Alors Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et leur fit cette déclaration :
36 Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus
que vous aviez crucifié. »
37 Les auditeurs furent touchés au cœur ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : « Frères, que devons-
nous faire ? »
38 Pierre leur répondit : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ
pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit.
39 Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que
le Seigneur notre Dieu les appellera. »
40 Par bien d’autres paroles encore, Pierre les adjurait et les exhortait en disant : « Détournez-vous de
cette génération tortueuse, et vous serez sauvés. »
41 Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre furent baptisés. Ce jour-là, environ trois mille
personnes se joignirent à eux.
Dimanche dernier, nous nous sommes attachés, dans le discours de Saint Pierre le jour de la
Pentecôte, à la proclamation du cœur de la foi chrétienne. Aujourd’hui, nous lisons la conclusion de
son discours : l’appel à la conversion.
Mais qu’est-ce qu’une conversion ? On procède à des conversions dans d’autres domaines que la
religion. Au ski par exemple : quand on veut changer de direction, dans une pente très raide, on fait
une conversion. En mathématiques ou en physique, on fait une conversion pour changer de système
d’unités. La conversion, c’est changer de direction, changer de système, changer de référence. Pour
se convertir, il faut abandonner quelque chose, s’en détourner, et se tourner vers autre chose.
C’est exactement l’appel de Saint Pierre : « Détournez-vous de cette génération tortueuse / que
chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ. » : c’est bien un changement total de référence,
un véritable retournement, l’abandon des valeurs du monde pour s’attacher au Christ.
La conversion décrite par Saint Pierre ne comporte pas de dimension morale, c’est juste un
changement d’attitude, d’orientation. Et elle a des conséquences : vos péchés seront pardonnés,
vous recevrez l’Esprit Saint, vous serez sauvés.
Pas de dimension morale à la conversion ? Cela peut surprendre… Nous avons déjà entendu d’autres
langages…
En fait cela vient d’une question de traduction : la traduction que nous lisons aujourd’hui dans la
Bible liturgique (ou dans la TOB) est fidèle au texte grec d’origine. Mais jusqu’à il y a fort peu de
temps, on lisait la traduction latine faite par Saint Jérôme au 4 e /5 e siècle (la fameuse Vulgate), que
l’on trouve encore dans la Bible de Jérusalem :
38 Pierre leur répondit : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-
Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. »
Cette interprétation à dimension moralisatrice a influencé la façon d’annoncer l’Evangile pendant des
siècles, mais nous sommes revenus à l’approche originelle :
« Dans l’expérience commune, on n’est pas frappé si l’on rencontre quelqu’un qui circule en martelant
ce qu’est le christianisme, ce que sont le bien et le mal et ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour aller
ou non en enfer ou au paradis. Dans l’expérience commune, il arrive le plus souvent d’être marqué
par la rencontre avec une personne ou une réalité humaine qui surprennent par des gestes et des
mots révélant leur foi dans le Christ. » (Pape François, dans son dernier livre-entretien : Sans Jésus
nous ne pouvons rien faire, Bayard, pages 60/61)