Homélie du Père Ivan Brient
En la fête de Saint Gildas, le 27 janvier 2019

Quel lien entre les textes de ce dimanche et la fête de Saint Gildas ? Faut-il absolument trouver des liens ? Il y a au moins un point qui s’impose :
Nous lisons le début, le commencement de l’Évangile de Luc parce que nous sommes au début du temps ordinaire, au début de l’année civile.
Saint Gildas est arrivé chez nous au début, au commencement de l’évangélisation de l’Armorique.
Dans le texte de Luc, il s’agit du début du ministère de Jésus : son discours inaugural dans la synagogue de Nazareth. Juste avant sa mission en Galilée.
Peut-être que nous sommes, nous aussi, au début de quelque chose de neuf ? Peut-être que, aujourd’hui, nous sommes au commencement d’une nouvelle annonce de l’Évangile pour Auray ? Peut-être que cette coïncidence de la fête et des lectures n’est pas un hasard… mais un signe, mieux : un appel… un appel à commencer quelque chose de neuf :
­ Comme Saint Gildas, sommes-nous prêts à nous engager sur des terres non chrétiennes ? A y annoncer l’Évangile par nos actes et nos paroles ? Il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour cela.
­ Comme Jésus au début de sa mission, sommes-nous partants pour annoncer le Dieu qui libère ?
Sommes-nous prêts à croire et à annoncer que, aujourd’hui, Jésus vivant peut libérer des captifs, ouvrir les yeux des aveugles, annoncer une année favorable ?
Oui, en ce début d’année, nous pouvons prendre un nouveau départ :
1. Annoncer le Christ qui libère : ne pas avoir peur de dire que la libération intérieure vient du Christ. Rien de plus beau que de se sentir libre intérieurement. Même si, extérieurement les circonstances nous coincent : maladie, blocage au travail, pas assez d’argent pour faire comme tout le monde… que sais-je encore… Mais le Christ nous dit que malgré cela, nous pouvons rester libres : libres d’aimer… libres de choisir le bien… libres de penser… libres de prier… Rien ne pourra nous enlever la liberté intérieure. Et il faut le dire autour de nous : le Christ libère.
2. Agir pour libérer les autres : j’allais presque dire : « Aider le Christ à libérer nos frères. » Que nous soyons la continuité de l’action du Christ des Évangiles.
Jésus libère en étant attentif à tous : petits et grands, riches et pauvres, disciples et pécheurs, juifs et païens… Comme Jésus qui s’approchait de tous, essayons d’être libres pour nous approcher de tous, sans a priori sur l’autre, sans faire de procès d’intention.
Agir pour libérer les autres, c’est aussi pardonner. Quelle joie, quelle liberté retrouvée quand on se sait vraiment pardonné. Oui, nous libérons des gens en leur accordant le pardon.
Agir pour libérer l’autre, pour guérir à l’autre, c’est aussi œuvrer concrètement pour qu’il puisse exister.
Saint Gildas était libre. Il a parcouru notre région dans tous les sens pour annoncer le Christ. Ses ermitages successifs ont laissé des traces un peu partout : Saint Gildas de Rhuys bien sûr, mais aussi les innombrables chapelles à son nom, les lieux-dits comme Gueltas, Locqueltas… Saint Gildas se sentait libre d’aller partout. Libre, il l’était dans son comportement : il pouvait s’adresser aux petits comme aux grands, même au roi Conomor.
Il a aussi libéré des gens dans la peine, remis des corps debout (Sainte Tréphine)…
Saint Gildas nous invite à annoncer le Christ qui libère, et à agir pour libérer ceux qui en ont besoin.

Mais pour finir, je voudrais mettre en garde contre deux risques :
1. Annoncer sans agir. Avoir le nom de Jésus à la bouche, sans faire ce qu’il nous dit… Un remède : agir quand on en prend conscience.
2. Agir, faire des actes de libération en notre nom propre, sans nous référer à Jésus. C’est le pire : on peut vite se prendre pour le libérateur, alors que seul le Christ libère.
Un remède : l’humilité. Même le Christ savait s’effacer après avoir fait du bien aux foules…

Que Saint Gildas nous aide à prendre un bon départ en cette année 2019 :
1. Ne pas avoir peur d’annoncer le Christ qui libère, ici à Auray… Annoncer en agissant.
2. Agir comme Saint Gildas, comme le Christ… En faisant nous-mêmes des actes qui libèrent, mais avec humilité. Nous ne sommes que la continuité des mains du Christ.