« Il était là au milieu d’eux…il leur dit «  La Paix soit avec vous ! »

 

Chers paroissiens, chers amis,

 

Dimanche dernier, nous avons célébré la Mort-Resurrection du Christ. Nous avons fêté Pâques. Ce mot de « pâques » est synonyme de « passage ». Nous pensons bien sûr au passage vécu autrefois par le peuple hébreu que nous rapporte le livre de l’Exode et que nous avons lu lors de la Veillée Pascale. Le passage de l’esclavage à la liberté du peuple élu : passage par la mer rouge. Toute vie est faite de passages : passage de l’enfance à l’adolescence, de l’adolescence à l’âge adulte. Passage d’une situation à une autre (familiale, sociale, scolaire, professionnelle…). Notre existence n’est-elle pas une succession de passages à vivre ?

 

En ce dimanche, l’évangile de saint Jean, nous présente lui aussi un passage, une conversion que les apôtres vont faire et tout particulièrement Thomas. Nous nous identifions souvent à Thomas. Cela nous arrange de trouver ainsi quelqu’un qui doute, quelqu’un qui a du mal à croire. Cela peut justifier nos propres manques de foi. Pour les apôtres, il y aura un avant et un après de la Résurrection. Ils vont passer du doute à la Foi.

 

Ce que nous vivons avec ce covid-19, la contrainte de vivre confiné nous poussant à changer nos modes de vie et à nous recentrer sur l’essentiel, n’est-ce pas un grand passage à vivre actuellement ? Ce passage nous fera grandir dans notre vie et dans notre foi ainsi que dans notre manière de regarder ce monde et de l’habiter. Tout passage, même s’il nous fait connaître parfois la souffrance, nous fait grandir dans notre vie d’homme ou de femme. La parole de Pierre peut nous aider à vivre ce passage : « Vous exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la valeur de votre foi » 

 

   Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts,   pour un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. (St Pierre) Dans sa miséricorde, Dieu vient nous redonner l’espérance et la confiance.

 

Ce deuxième dimanche de Pâques est appelé le Dimanche de la Divine Miséricorde. Ce dimanche a été voulu par le Pape Jean Paul II, il y a tout juste 20 ans. Miséricorde : Dieu vient prendre dans son cœur de Père, la misère, la pauvreté, la petitesse de l’homme. C’est là l’écho de ce Cœur qui a tant aimé le monde. L’évangile nous donne de contempler la manière dont les apôtres, et parmi eux, l’apôtre St Thomas, vont accueillir la résurrection de Jésus. Confiné par la peur des juifs, voici que Jésus se tient là au milieu d’eux. Il leur dit « La paix soit avec vous ! ». La béatitude de Jésus à Thomas s’adresse à nous aujourd’hui, dans la situation qui est la nôtre. Demandons-nous de quelle situation sans issue, de quelle situation de peur, de quelle situation verrouillée, de quelle situation « mortelle », le Christ veut nous libérer, nous ressusciter.

 

« Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. » La joie pascale, c’est la joie de la foi. Celle qui nous fait reconnaître Jésus ressuscité qui est là présent au milieu de nous et qui nous accompagne dans notre existence. La joie, ce n’est pas celle que nous nommons habituellement « joie », la joie du moment ou une joie passagère. Mais elle est proche de cette « Paix » que le Christ souhaite à ses apôtres. Cette tranquillité profonde, cette conviction inébranlable, qui sont la source de notre équilibre chrétien et humain.  Cette joie rien ne peut nous l’enlever parce que c’est la joie et la paix qui viennent de la « foi » en Jésus ressuscité.

 

Nous aurions tort de penser la Foi comme un affaire strictement personnelle ou individuelle. Ce que beaucoup de nos contemporains pensent. Or, si la foi est cette rencontre personnelle que le Christ fait avec chacun de nous librement, il le fait toujours dans une communion et un discernement avec les autres. Cela est vrai pour Thomas qui proclame sa foi dans le Seigneur ressuscité au milieu de ses frères apôtres. Cela était vrai pour les premiers chrétiens au temps des Actes des Apôtres qui ont trouvés le désire de se rencontrer pour partager la Parole de Dieu et rompre le pain régulièrement (actes 2, 41-42). Cela est vrai pour nous aujourd’hui. Le dimanche, premier jour de la semaine, nous éprouvons, ressentons ou expérimentons la présence du Ressuscité dans le cadre de l’Eglise, qu’elle soit réunie dans le bâtiment de pierres ou dans cette communion fraternelle par-delà les murs de notre confinement.

 

De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ».  De part notre baptême et notre confirmation, nous avons en nous l’Esprit du Ressuscité. Si parfois, la mission semble lourde à porter, ce qui nous console, c’est que nous ne sommes jamais seul. La mission du Christ est confiée à l’Eglise, à chacun pour sa part.

 

Comme les apôtres qui sont passés de la peur à la joie, du doute à la foi, nous sommes envoyé par Jésus. Même seul, dans notre lieu de confinement, nous demeurons en communion les uns avec les autres.  Pour cela, Il nous faut sans cesse nous laisser regarder et transformer par le Ressuscité, et proclamer avec Thomas notre foi : « Mon Seigneur et mon Dieu »

 

A tous et à chacun d’entre vous, bon dimanche de la divine miséricorde.