Horaires des messes dominicales :
- Samedi, 18H, à Saint-Goustan ;
- Dimanche :
- 10H30, à Charles de Blois et à Pluneret ;
- 9H30 et 11H, à Saint-Gildas
En semaine, messes :
- Lundi, à 10h30, à Saint-Gildas ;
- Mardi, mercredi et Jeudi, 18 heures, chapelle Ste-Hélène ;
- Vendredi, 9 heures, chapelle Ste-Hélène, messe suivie de l’Adoration Eucharistique;
- Confessions individuelles de 9h30 à 11 heures, les vendredis, chapelle S te Hélène
- Vendredi, 18 heures, à Charles de Blois
Pour vous préparer à vivre ce deuxième dimanche de l’Avent, vous trouverez ici un texte de Jean Brousset, – que je remercie pour sa contribution- ; il nous fait entrer dans le texte d’évangile d’une manière particulière… avec la question de la sandale !
Gaëtan Lucas
Question de sandale
Ce dimanche, deuxième de l’Avent, la première lecture est tirée du livre du prophète Isaïe, au chapitre 40 : il s’agit donc du second Isaïe, qui a vécu en exil à Babylone et annonce que Dieu va intervenir pour libérer son peuple et le ramener sur sa terre.
Mais aujourd’hui, c’est sur l’Évangile – ou plutôt une petite phrase de l’Évangile – que je souhaiterais m’attarder : parlant de Jésus, Jean-Baptiste déclare « Je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. » Que comprendre par-là ? Peut-être veut-il dire qu’il ne serait pas digne d’être son esclave. Mais dans ce cas, n’aurait-il pas plutôt évoqué le lavement des pieds qui est le rôle traditionnel de l’esclave ? Et si l’on regarde le texte de l’Évangile de Saint Jean qui relate le même événement de façon plus circonstanciée – nous le lirons dimanche prochain – on voit même que le Baptiste dit plus précisément : « je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ».
Retirer une sandale à Jésus ? Une seule ? Quelle idée ! Jean-Baptiste n’a pourtant pas laissé la réputation d’un plaisantin ! Alors ?
Alors peut-être veut-il nous dire autre chose… Pour comprendre le Nouveau Testament il va falloir comme souvent – comme toujours – aller faire un détour dans l’Ancien. Et aujourd’hui c’est un grand voyage : nous passerons par le Lévitique, le Deutéronome, et le livre de Ruth.
Le Lévitique (Lv 25, 23s. 48s) nous apprend ce qu’est le « goel » dans la loi de Moïse : « Si ton frère tombe dans la gêne et doit vendre son patrimoine, son plus proche parent [son goel] viendra chez lui exercer son droit de rachat sur ce qu’a vendu son frère. » Pire, si ses dettes sont telles qu’il doive se vendre lui-même comme esclave, son goel le rachètera et lui rendra sa liberté. Le goel est le « racheteur », le rédempteur (en langage juridique, rédimer signifie racheter intégralement) et le libérateur. Et la tradition juive nous apprend que pour marquer sa prise de possession, le goel pose sa sandale sur le champ qu’il rachète.
Le Deutéronome (Dt 25, 5-10) instaure la loi du lévirat : si un homme décède en laissant une veuve sans enfant, le frère de cet homme [le lévir] prendra la veuve pour épouse. S’il refuse d’exercer son droit de lévirat, celle-ci « en présence des anciens, lui ôtera sa sandale du pied, lui crachera au visage, et prononcera ces paroles : ainsi fait-on à l’homme qui ne relève pas la maison de son frère. »
Nous pouvons maintenant aborder le livre de Ruth : Par temps de famine, Elimélek, originaire de Bethléem, avait dû s’exiler avec sa femme Noémi au pays de Moab où ses deux fils épousèrent des filles du pays. Elimélek mourut, ses deux fils également, et Noémi se retrouva seule avec ses deux brus d’origine étrangère. Elle voulut les renvoyer dans leur famille, pour refaire leur vie tandis qu’elle-même rentrerait au pays de Juda. Mais l’une des deux, Ruth, refusa : « Où tu iras, j’irai ; ou tu demeureras, je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu. » De retour à Bethléem avec sa belle-mère, Ruth va glaner dans le champ d’un certain Booz, dont Noémi lui apprend que c’est un proche parent d’Elimélek. Sur le conseil de Noémi, Ruth trouve le moyen de faire savoir à Booz qu’il a sur elle droit de rachat 1 . Mais il y a un parent encore plus proche…
Booz va le trouver : (Rt 4, 3-8) « 03 Puis il s’adressa à celui qui avait droit de rachat : « La parcelle du champ qui appartenait à notre frère Élimélek, Noémi, qui vient de revenir des Champs-de-Moab, la met en vente. 04 Et moi, je me suis dit que j’allais t’en informer en disant : “Veux-tu, devant ceux qui siègent ici, devant les anciens du peuple, veux-tu acquérir ce champ ?” Si tu veux exercer ton droit de rachat, fais-le, mais si tu ne veux pas l’exercer, déclare-le-moi, pour que je le sache. En effet, personne, sauf toi, ne peut exercer ce droit, sinon moi après toi. » Alors l’autre dit : « Moi, je veux l’exercer. » 05 Booz reprit : « Le jour où, de la main de Noémi, tu prends possession du champ, tu prends également possession de Ruth la Moabite, la femme de celui qui est mort, afin que le nom du mort reste attaché à son héritage. » 06 Alors, celui qui avait droit de rachat dit : « Je ne pourrais pas exercer mon droit de rachat sans détruire mon propre héritage. Toi, exerce donc le droit de rachat, puisque je ne le peux pas. » 07 Or, jadis en Israël, pour le rachat ou pour l’échange, afin de conclure toute affaire, l’un enlevait sa sandale et la donnait à l’autre. En Israël, cela servait de témoignage. 08 Celui qui avait droit de rachat dit alors à Booz : « À toi de te porter acquéreur ! » Et il enleva sa sandale. » 2
On voit alors apparaître où Jean-Baptiste veut en venir avec son histoire de sandale… Il désigne Jésus comme le goel, le lévir du peuple de Dieu, à qui nul ne peut imaginer enlever la sandale symbole de ce droit :
Il est notre plus proche parent, notre frère ;
Il est notre « racheteur », notre rédempteur – et nous lui appartenons ;
Il est celui qui nous rend notre liberté d’enfants de Dieu ;
Il est l’Epoux du Peuple de Dieu, de l’Eglise.
Tout cela dans une petite sandale…
Jean Brousset
1 « Booz endormi » : poètes et peintres s’en sont donné à cœur joie… mais rien ne vaut la lecture du Livre de
Ruth !
2 Booz épousa Ruth ; ce sont les arrière-grands-parents du roi David, et donc les ancêtres de Jésus…