Quand un petit enfant franchi pour la première fois le seuil de l’école, ou qu’un jeune pour des raisons scolaires ou professionnelles s’éloigne de sa famille, il commence à découvrir ou à ressentir ce que signifie « quitter son père et sa mère ». Or, c’est là, déjà dans la Bible, un ordre de vie.
Côté enfants
Honorer ses parents, c’est être capable de s’en détacher, sans les rejeter, d’aller son propre chemin, sans angoisse ni culpabilité. Le signe d’une éducation réussie, c’est pour le jeune adulte, la capacité de bâtir sa propre vie de manière responsable.
Respecter ses parents, c’est les reconnaître quelles que soient parfois des difficultés vécues.
Nos parents sont des « passeurs de vie ». Ils nous ont transmis la vie qu’ils ont eux-mêmes reçue. C’est à ce titre que nous devons les honorer, mais cette vie ne leur appartient pas. Elle vient de Dieu, seul Créateur. Les parents la transmettent et en cela, ils sont pro-créateurs, associés à l’œuvre de Dieu. C’est beau, c’est grand, mais quelle responsabilité !
Côté parents
Côté parents, ce n’est pas toujours facile à vivre. Ils sont appelés à entrer dans un mystère de renoncement : renoncement à la possessivité, à certains rêves et projets. Ce renoncement – qui n’est en rien une démission – est porteur d’une promesse de vie. Eduquer (e-ducere) signifie conduire hors de soi, ne pas garder pour soi, ne pas accaparer. Retenir pour soi la vie qu’on a donnée, c’est d’une certaine manière la perdre. C’est aller à l’encontre même du mouvement de la vie qui est don, oblation.
Un passage
Il est évident que tout ceci ne va pas sans une certaine souffrance. Tout amour vrai ne peut pas rencontrer un jour ou l’autre la souffrance. Mais c’est une souffrance féconde, annonciatrice d’une croissance. Rien à voir avec le « dolorisme » que l’on pourrait cultiver pour s’y complaire. Bien au contraire, elle accompagne un passage – une pâque – pour que la vie suive son cours et que la joie soit possible.