On entend parfois dire que « le Carême, c’est le Ramadam des Chrétiens » et inversement que « le Ramadam, c’est le Carême des musulmans ».

Voilà une confusion de vocabulaire assez significative de notre époque. Elle montre que nous manquons souvent de points de repères historiques.

Elle s’explique également par la place importante  qu’a pris l’islam dans notre société.

Pourtant, tout dialogue inter-religieux doit se vivre dans la reconnaissance des différences et non dans la confusion.

     Le carême

Le mot lui-même, dérivé du latin, désigne une période de 40 jours. Ce chiffre symbolique de « 40 » rappelle les quarante ans du peuple hébreu au désert, dans l’attente de la terre promise. Il évoque surtout les 40 jours de Jésus au désert avant de commencer son ministère public.

Pendant ce temps liturgique, le peuple chrétien prépare sa plus grande fête : celle de PÂQUES.

A la suite du Christ, il accepte ce temps d’entrainement, d’épreuve (au sens un peu sportif) pour accueillir à nouveau le Christ Ressuscité.

Le Carême comporte donc cette dimension de tension vers une fête, tout comme le temps de l’Avent vers celle de Noël.

C’est un temps de conversion et de pénitence pour nos refus d’aimer en vérité et nos péchés. L’insistance porte sur la conversion intérieure par la prière, le jeûne, le partage ou l’aumône, l’approfondissement de la foi par l’écoute, la méditation de la Parole de Dieu. Le Carême est vraiment un temps fort de la vie chrétienne.

     Le ramadam

Il ne prépare pas à une fête spéciale.

Il n’est pas non plus le souvenir d’un évènement précis.

Le Ramadam est une pratique sociale et individuelle commandée par le Coran (2/183-187). Le  jeûne pratiqué constitue le 4° pilier de l’Islam, au 9° mois de l’année lunaire musulmane. Il dure entre 29 et 30 jours. Ce rite social et religieux se trouve parfois contrôlé par le pouvoir politique dans certains pays musulmans.

Il se veut un temps de maîtrise de soi et d’exercice de la volonté. Jeûner n’est pas si facile en Islam, car c’est s’abstenir de nourriture, de boisson,et de toute activité sexuelle pendant le jour. Même si le soir la vie physique reprend tous ses droits et que les repas sont sérieusement améliorés et partagés. C’est un temps de plus grande ferveur, soit dans les mosquées et les oratoires, soit par la lecture du Coran et la prière. Même pour les croyants non-pratiquants de l’Islam, ce jeûne exprime leur attachement à la communauté.

     Vers Pâques

Pâques est véritablement la source de la vie chrétienne : « Christ est ressuscité »! Tel est le fondement de la foi, de l’espérance et de la charité chrétiennes.

Les épreuves humaines, y compris la mort, sont traversées par cette espérance.

La naissance de Jésus à Noël annonçait déjà les prémices du Salut.

Sa Résurrection à Pâques en apporte le couronnement.

Désormais, nous le croyons, l’Esprit du Ressuscité nous accompagne au quotidien.

   Père Dominique, recteur de la communauté de paroisses de Plougoumelen – Le Bono