Méditation pour la fête de l’Ascension

Frères et sœurs, en ce jour de l’Ascension, nous célébrons le Christ ressuscité qui entre dans la gloire du Père. C’est sa dernière apparition à ses disciples. Désormais, il n’est plus visible sur la terre, mais il reste présent « tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». Les apôtres sont pleins de joie car ils sont habités par la présence du Christ. De retour à Jérusalem, ils sont tous les jours au temple à bénir Dieu. Le soir de Pâques, Jésus leur avait donné le souffle de l’Esprit Saint. Au jour de la Pentecôte, ce souffle les transfigurera en vrais témoins inlassables du Christ ressuscité. Avec eux, c’est le temps de l’Eglise qui commence.

La bonne nouvelle c’est aussi la confiance que Dieu nous fait. Le Christ ressuscité est présent partout. Il est tous les jours avec nous. Mais il n’est pas l’inquisiteur dont il faudrait se méfier. Il n’est pas là pour nous surveiller ni pour brimer notre liberté. Nous sommes créés libres et responsables. Son amour n’est pas écrasant. Il est libérant; il fait confiance. Il ne cesse de nous dire : « N’ayez pas peur ».

Au moment où il se retire, Jésus lève les mains et bénit ses disciples. Il est comme un père qui écarte les bras pour laisser son enfant marcher seul pour la première fois. Son amour nous rend libres. Il fait de nous des hommes et des femmes responsables, adultes dans la foi.

Cette confiance de Jésus à notre égard n’a d’égal que celle qu’il a pour son Père. Pour Jésus c’est allé jusqu’à la croix. Un tel amour est à la fois source de joie et de souffrance. La confiance est source d’émerveillement.  Mais elle est aussi un risque. C’est une aventure qui nous apprend sans cesse à dépasser nos propres limites. La confiance donné et reçue nous grandit et nous rend humbles.

En ressuscitant Jésus et en l’élevant jusqu’à Lui, Dieu confirme que ce chemin est celui de la vraie vie. Accepter le risque de la foi et mettre sa confiance en l’amour de Dieu nous fait passer, avec le Christ, de la mort à la vie. Notre Dieu est un Père plein d’amour qui croit en nous. Il fait de nous des hommes et des femmes libres, capables d’avancer sur le chemin qui conduit à lui. Donc, c’est par Jésus et avec lui que nous pourrons avancer sur ce chemin. En d’autres termes, on peut dire que l’Ascension du Christ nous prépare à notre ascension; cette montée a commencé au jour de notre baptême et elle doit se continuer tout au long de notre vie à coté des hauts et bas de la vie chrétienne.

Frères et sœurs, cette fête de l’Ascension est aujourd’hui une Bonne Nouvelle pour notre monde qui vit dans la méfiance, le doute et le désespoir. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne peuvent plus supporter cette situation paralysante. Pour beaucoup, l’avenir semble incertain. Mais, si on veut grandir, avancer en toute confiance, aussi nous faut-il mettre ou placer la Confiance, l’Espérance au-dessus de tout.

Devant tant de souffrances, nous entendons régulièrement cette question: « où est-il ce Dieu dont vous nous parlez» ? Il est bien là, présent au cœur de nos vies. Mais le problème c’est que nous sommes ailleurs. Les apôtres ont été envoyés dans toutes les nations. Leur mission a été de proclamer l’amour vainqueur. Aucune mort ne pourra arrêter sa course. C’est de cela que nous avons à témoigner dans notre vie de tous les jours. Le Christ ressuscité n’est plus visible à notre regard, mais le monde doit pouvoir contempler son visage à travers nous, entendre son message à travers nos paroles et toute notre vie. Et surtout, il doit y découvrir quelque chose de l’amour passionné pour tous les hommes. C’est cela la confiance que Jésus nous fait. Alors, ne perdons pas une minute. C’est à chaque instant que nous avons à rayonner cette lumière qui vient de Dieu, Père et Amour.

Cette bonne nouvelle est pour tous, pas seulement pour les plus proches, les plus réceptifs et les plus accueillants ; nous sommes envoyés pour porter le Christ en tout milieu, jusqu’aux « périphéries». Nous ne devons pas laisser de côté celui qui semble le plus loin ou le plus indifférent. Le Seigneur est à la  recherche de tous. Il veut que tous ressentent la chaleur de son amour et de sa miséricorde. Il désire vraiment les rassembler tous auprès de lui. Sa grande priorité va vers ceux et celles qui sont très loin et très bas.

La fin de l’Évangile d’aujourd’hui est précisément centrée sur l’envoi en mission des disciples et sur le contenu de cette Mission. Au cours de son ministère, Jésus les avait précisément envoyés une première fois vers « les brebis perdues de la Maison d’Israël ». Il leur avait donné le pouvoir de guérir les malades et de chasser les démons. Aujourd’hui, c’est l’envoi final en direction du monde entier. Leur mission sera de faire connaître l’enseignement de Jésus et de faire des disciples.

En regardant de près le texte, nous constatons que tout commence en Galilée, une région dont on disait qu’il ne pouvait rien sortir de bon. C’était un lieu de passage pour les caravanes qui venaient de partout. Toutes les croyances et même l’incroyance s’y affrontaient. Or c’est à cet endroit méprisé que Jésus commence son ministère. Et c’est de là que les apôtres vont partir pour annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile. Celle-ci doit être proclamée dans le monde entier. Le Seigneur est à la recherche de ceux qui sont loin, ceux qui se sont égarés, ceux qui vivent dans le vice et le péché. Il les appelle tous à accueillir la bonne nouvelle de l’Évangile.

Donc, cette fête d’aujourd’hui ne concerne pas seulement un événement du passé. Elle nous fait  aussi célébrer notre avenir. C’est la naissance de l’humanité à la gloire de Dieu. Le Christ est arrivé au sommet  et il nous attire tous vers lui. Voilà cette bonne nouvelle qui doit être annoncée aux hommes et aux femmes de notre temps. Nous sommes tous appelés à naître à notre dignité. Bien sûr, nous connaîtrons la maladie, des guerres, , des pandémies, des catastrophes. Mais ces dernières n’auront pas le dernier mot. Le Christ ressuscité veut nous associer tous  à sa victoire sur la mort et le péché. Il nous donne chaque jour son Esprit Saint qui fait de nous des témoins et des messagers de son amour.

Ainsi l’Ascension de notre Seigneur Jésus que nous célébrons aujourd’hui doit faire naître en nous  grande Espérance pour pouvoir continuer notre cheminement avec Lui dans la joie. C’est une joie très forte que nous ne pouvons pas garder pour nous. Le Christ vainqueur de la mort et du péché veut nous associer tous à sa victoire. Et Il nous donne chaque jour son Esprit Saint qui fait de nous des témoins et des messagers de son amour.

C’est avec joie que nous nous engageons activement à l’épopée de l’évangélisation. Il n’est pas question de conquérir mais de servir et d’aimer au nom du Seigneur qui nous envoie. Nous sommes tous appelés à vivre en ce monde en témoignant de cette Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu. Nous sommes à quelques jours de la Pentecôte. Les apôtres s’y sont préparés par un temps de retraite. Avec eux et avec toute l’Église, nous supplions le Seigneur:«O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.

Enfin, nous prions le Seigneur en communion les uns avec les autres. Qu’il nous garde toujours unis à Lui pour que nous soyons toujours fidèles à la Mission qu’il nous confie. AMEN

Joël BERNARD


A l’occasion de l’Ascension du Seigneur :

Exactitude ou Vérité de l’Ecriture ? Comment, ou Pour quoi ?

Si vous avez lu avec attention les deux récits de l’Ascension du Seigneur que nous propose la liturgie d’aujourd’hui, vous avez peut-être remarqué un petit détail troublant : Luc situe l’Ascension à Jérusalem, tandis que Matthieu la place en Galilée : Il y a contradiction. Mais alors, ce récit est-il bien crédible ?

Ne cherchons pas à conclure tout de suite… Pour commencer, regardons la teneur du message de Jésus à ses disciples :

« Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » écrit Luc.

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples (…). Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » selon Matthieu.

On retrouve les mêmes composantes :

  • Envoi en mission,
  • Présence du Seigneur auprès de ses disciples (Luc précise : par son Esprit),
  • Accompagnement par une force.

Si les mots ne sont pas identiques, la teneur du message est la même.

Exactitude ou vérité ?

Posons-nous alors la question : qu’est-ce qui est important pour les évangélistes ? Cherchent-ils à nous communiquer le commandement et la promesse de Jésus ou à nous faire une relation exacte des événements ? S’attachent-ils à la vérité du message ou à l’exactitude historique et géographique des faits ?

Et nous-mêmes, sur quoi devons-nous faire porter notre attention ? Nous pouvons en déduire une clé de lecture, valable chaque fois que nous ouvrons la Bible, y compris et surtout l’Ancien Testament. Le monde a-t-il été créé en sept jours ? Les murailles de Jéricho se sont-elles écroulées au son de la trompette ? Jonas a-t-il vraiment passé trois jours dans le ventre du poisson ? Autant de questions que nous nous sommes posées et qui portent sur l’exactitude des faits alors que la substance des textes n’est pas là : les auteurs des textes inspirés ne cherchent qu’à nous parler de la vérité de Dieu.

Comment ? ou Pour quoi ?

On peut exprimer la même distinction en la présentant un peu différemment : l’Ecriture ne nous dit pas le comment des choses, mais le pour quoi. Elle ne nous donne pas des recettes, mais elle nous introduit dans le plan de Dieu.

Et pourtant ! Quoi de plus naturel pour nous que de nous demander comment les choses vont se faire ?

Marie elle-même le demande, lorsque l’Ange lui annonce sa prochaine maternité : « Comment cela va-t-il se faire… ? » Réponse : « L’Esprit Saint viendra sur toi  et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre… ». C’est le mystère, mais Marie fait confiance, et met Jésus au monde.

Les Apôtres eux aussi demandent à Jésus où ? quand ? comment ? : « Est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » Réponse : « Il ne vous appartient pas de connaître les délais que le Père a fixés dans sa liberté souveraine, mais vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous… »  (encore Lui !) Là aussi c’est le mystère, mais les Apôtres font confiance, et porteront le Christ au monde.

 

Et nous, quelle est notre attitude vis-à-vis de l’Ecriture ? Y cherchons-nous l’exactitude ou la vérité, le « comment » ou le « pour quoi » ? Quel accueil faisons-nous à l’Esprit Saint ? Faisons-nous confiance ?

Jean BROUSSET

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PS :  même si nous avons bien compris que ce n’est pas l’important, revenons un moment à notre question de départ : pourquoi Matthieu situe-t-il l’Ascension en Galilée, et Luc à Jérusalem ? En fait il s’agit d’une interprétation théologique qui leur est personnelle, et qui transparaît en d’autres endroits de leurs écrits : pour Matthieu, le lieu origine du Salut est en Galilée (il a lui-même été appelé alors qu’il était au bureau de la douane de Capharnaüm…), alors que pour Luc il se situe à Jérusalem, (lieu de la Passion et de la Résurrection). L’un et l’autre ont donc simplement voulu situer l’Ascension du Seigneur au lieu par excellence du Salut. Nous ne sommes pas là dans l’exactitude, mais au cœur de la vérité.